Lundi 21 novembre
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"Il faut être toujours ivre. Tout est là: c'est l'unique question. Pour ne pas sentir l'horrible fardeau du Temps qui brise vos épaules et vous penche
vers la terre, il faut vous enivrer sans trêve.
Mais de quoi? De vin, de poésie, de vertu, à votre guise. Mais enivrez-vous.
Et si quelquefois, sur les marches d'un palais, sur l'herbe verte d'un fossé, dans la solitude morne de votre chambre, vous vous
réveillez, l'ivresse déjà diminuée ou disparue, demandez au vent, à la vague, à l'étoile, à l'oiseau, à l'horloge, à tout ce qui fuit, à tout ce qui gémit, à tout ce qui roule, à tout ce qui
chante, à tout ce qui parle, demandez quelle heure il est; et le vent, la vague, l'étoile, l'oiseau, l'horloge, vous répondront: "Il est l'heure de s'enivrer! Pour n'être pas les esclaves
martyrisés du Temps, enivrez-vous; enivrez-vous sans cesse! De vin, de poésie ou de vertu, à votre guise."
Charles Baudelaire
Les petits poèmes en prose
Rien n'a ajouter sinon que j'aurai terminé ainsi pour ma part : "Enivrez vous, enivrez vous sans cesse! De vin, de poésie, de sexe ou de vertu , ce qui n'est pas incompatible, de la
sensualité de monde , à votre guise..."
"Jouir est une sciences et l'exercice des cinq sens veux une initiation particulière qui ne se fait que par la bonne volonté et le besoin "
Baudelaire, salon de 1846
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