C’est un trésor triplement précieux que nous offre Élisabeth D. Inandiak en publiant aux éditions du Relié :" Les chants de l’Île à dormir debout". D’abord, elle nous fait découvrir l’équivalent indonésien du Mahâbhârata indien : le livre de Canthini, resté mystérieusement méconnu du reste du monde. Ensuite, elle nous révèle une autre grande tradition musulmane érotique - par les temps d'intolérance qui courrent, c'est un bol d'air frais ! Enfin, elle nous fait entrer dans un travail d’écriture fascinant où, par amour, la romancière française , javanaise d'adoption s’est laissée fondre dans la culture javanaise, pour mieux réussir à en sauver l’essence littéraire et cette langue qui a disparu au profit du malais et de l'indonésien populaire.
Au début du XIXe siècle, sur l'île de Java, le prince de Sourat Karta convoque les trois poètes de la cour et leur ordonne de composer « une histoire ancienne qui embrasserait toutes les sciences naturelles et surnaturelles de Java, et jusqu'au gai savoir, sous une forme versifiée et chantée, ceci afin de ravir les auditeurs et de les éveiller à la déraison ». Le résultat sera la plus grande oeuvre littéraire de cette partie du monde, la mémoire collective de cent-vingt millions de Javanais. Comportant deux-cent mille vers, le Livre de Centhini est pour Java ce que le Mahabharata est pour l'Inde, l'Odyssée pour la Grèce et les mille et une nuits pour nous tous
Le Livre de Centhini chante l'errance de deux princes et d'une princesse contraints de fuir leur royaume : ils goûtent à toutes les sciences et saveurs que Java féconde dans l'abandon de ses temples, au plus fort de ses fêtes luxurieuses, dans ses forêts possédées par des génies insoumis, au plus profond de ses grottes, dans les dortoirs brûlants de ses écoles coraniques, et les entrailles lumineuses de l'océan. Ils enrôlent ceux qu'ils croisent en chemin dans le chaos de leur propre vagabondage : musiciens, danseurs, itinérants, travestis, lettrés soufis, prostituées, ermites shivaïstes, forgerons, guérisseurs, maîtres d'arts martiaux, tout un peuple de gens libres, fugitifs ou parias, qui tisse et bricole inlassablement, à la périphérie du pouvoir, l'hallucinante trame érotique et spirituelle de Java. Les héros ne cessent de se perdre et de se retrouver sous d'autres noms et latitudes, changeant parfois même de nature. Leur vagabondage déborde rapidement les frontières communes de la géographie pour se résoudre en une constellation utopique dite du Monde à l'Envers.
A s'aimer sur tous les modes et dans toutes les positions - pour la plus grande gloire d'Allah. "Les Chants de l'île à dormir debout" est une miniature, un joyau condensant une poésie rigoureuse et pleine d'humour, la folle quête mystique et érotique des derniers sultans soufis de l'empire javanais..
Pour ma part , j'ai toujours été attiré par leur bijoux d'oreilles qui leurs donnent des oreilles pointues de faunes ... je trouve que ces bijoux masculins des sultans javanais procuraient un air diablement érotique aux hommes . On devrait s'en inspirer pour une collections de bijoux pour hommes en Europe ca changerait des éternelles gourmettes
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