La première sexualité dans l'ancienne Égypte est d'origine divine. Si l'on se penche sur les différentes cosmogonies égyptiennes qui permirent de créer le Monde, on s'apecerçoit que le premier acte sexuel fut divin, et qu'il donna naissance aux dieux puis aux hommes. Le dieu Atoum était venu à l'existence de lui-même, et c'est lui qui avait créé le monde . Mais comme Atoum était seul : il avait créé Chou, l'air, le vide qu'il y a entre la terre et le ciel, et Tefnout, l'élément humide, par masturbation ou en crachant
La question de la sexualité est essentielle aux systèmes religieux et traditionnels, soit par sa sacralisation, soit par sa négation. La sexualité sacrée egyptienne est présente dans de nombreux mythes, héliopolitains comme hermopolitains et la Création est souvent présentée comme un acte sexuel.
Le livre de Schumann Antelme (égyptologue ) et Stéphane Rossini (dessinateur ) porte sur les différentes expressions érotiques, profanes ou sacrées, présentes à chaque époque de la civilisation pharaonique. Les murs des temples, les vignettes de papyrus, sont une source très riche à laquelle il convient d'ajouter le papyrus satiro-érotique de Turin dont les scènes érotiques furent longtemps interdites au public. (que j'ai dejà présenté sur ce blog )
Hathor dont les secrets sont ici révéles pour la première fois en France dans ce livre est la déesse ( mais nous devrions dire énergie , traduction plus juste de neter ) centrale de cette sexualité sous ces différentes formes
"Les secrets d'Hathor sont nombreux, variés et souvent étranges, mais tous procèdent du premier devenir, de la création divine de l'univers et se confondent au niveau terrestre, avec l'histoire de l'humanité dès son début. Hathor, la Dorée, la Souveraine de l'amour et la Dame de la mort, Maîtresse de l'ivresse, ravageuse Lointaine et douce Bastet, joyeuse Maîtresse de la musique et de la danse, généreuse Vache céleste, Dame de la vulve et giron du Monde, oeil brûlant de Rê, sa fille indomptable, Uræus qui défend son père et protège le roi, l'Unique au Quatre visages, l'Universelle est toujours partout et nulle part, insaisissable comme l'amour."
Adorée sous la forme d'une vache ou d'une femme à tête de vache portant le disque solaire entre les cornes en forme de lyre. Elle était à l'origine la mère d'HORUS et plus tard une de ses nombreuses épouses. Tour à tour séduisante jeune femme donc déesse de la joie, de la musique et de l'amour, dans ses nombreux cultes, de longues et complexe cérémonie on la célébrait en une profusion de danse, de bière et de vin, de fleurs et d'encens, et redoutable lionne - mythe du retour d'HATHOR-TEFNOUT - identifiée à Sekhmet, selon les deux aspects de la pleine ou la nouvelle lune qui inspirait quiétude ou terreur. " La lionne SEKMET, dont le nom signifie la "puissante". Cette divinité incarne plus particulièrement les virtualité agressives présentes dans chaque déesse . Dans l'Égypte pharaonique la combinaison de l'élément mâle et femelle parait naturelle, caractéristique de la pensée égyptienne qui se plaît à suggérer le reflet d'une opposition.(Ce qui donnera le yin et le yang plus tard en Orient) .Les grecs identifièrent Hathor à Aphrodite
Les auteurs étudient tant les moeurs des égyptiens de l'époque pharaonique, les règles sociales que la vie amoureuse souvent mouvementée des dieux. Les deux approches mettent en évidence une science érotique qui dépasse la simple question du plaisir et de la reproduction pour servir un art d'aimer, mais aussi les traditionnelles voies d'immortalité. Exemple :
"Le dernier élément de ce code [d'amour], mais non le moindre, concerne le toucher. Nous disposons de tout un répertoire de gestes, que nous avons déjà pu observer : l'entrecroisement des bras en oblique des deux partenaires, se soutenant mutuellement le coude ou saisissant le poignet, est une approche érotique. En revanche, l'entrecroisement des jambes est l'icône pudique du coït. Les attouchements et les caresses progressifs des parties sensibles du corps humain sont essentiellement érotiques et ne débouchent pas nécessairement, bien que ce soit la plupart du temps le cas, sur la jonction charnelle des partenaires. Ces gestes s'appliquent le long des méridiens frontal et dorsal de l'acupuncture, véhiculant l'énergie, et concernent également les sept chakras, centres d'énergie de la tradition médico-religieuse orientale. Les égyptiens avaient découvert empiriquement et codifié ses plages qui réagissent à l'attouchement."
La force créatrice était bien sûr également présente dans les différents mystères :
"Des mystères, dans le sens de représentations religieuses ou de rites initiatiques, se déroulaient dans ses sanctuaires, rites sur lesquels nous sommes mal renseignés. Aussi bien Hérodote que Diodore de Sicile n'ont laissé que des descriptions de la liesse populaire en l'honneur d'Hathor-Tefnout au moment de l'inondation. Ces réjouissances préfiguraient les bacchanales, auxquelles les auteurs anciens les ont d'ailleurs comparées, tout en précisant que les femmes étaient les plus déchaînées des participants aux joyeuses navigations sur l'immense lac qu'était devenu l'Égypte. Quand les embarcations, contenant hommes et femmes, arrivaient à hauteur d'une ville, elles se rapprochaient des berges et les voyageurs interpellaient les habitants dans un langage assez vert, les femmes exposant leur nudité. Lors des processions en l'honneur du retour de la Lointaine (Hathor-Bastet), les femmes parcouraient les rues en agitant d'immenses imitations du membre viril - vin et bière coulaient à flot pendant ces fêtes qui duraient plusieurs jours !"
Livre à l'iconographie très riche .
Les secrets d'Hathor, Amour, érotisme et sexualité dans l'Égypte pharaonique par Ruth Schumann Antelme et Stéphane Rossini, Éditions du Rocher
Vos Commentaires