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En 1915, Apollinaire est dans les tranchées et envoie à quatre mois d'intervalle le même poème à deux maîtresses différentes. Le poème porte sur les neuf portes du corps de la femme ( une intuition initiatique lorsque l'on connait les neufs portes des livres des morts Tibetains et Egyptiens ) et la différence entre les deux poèmes est l'ordre de ces portes. Dans le deuxième poème, la vulve « rétrograde à la huitième place et c'est le trou du cul qui deviendra la neuvième porte : la suprême porte ». Kundera explique ce changement de perspective qui a quand même exigé d'Apollinaire quatre mois de rêveries érotiques dans les tranchées :
« C'est le trou du cul le point miraculeux où se concentre l'énergie nucléaire de la nudité. La porte de la vulve est importante, bien sûr (bien sûr, qui oserait le nier ?), mais trop officiellement importante, endroit enregistré, classé, contrôlé, commenté, examiné, expérimenté, surveillé, chanté, célébré. La vulve : carrefour bruyant où se rencontre l'humanité jasante, tunnel par lequel passent les générations. L'unique endroit vraiment intime, c'est le trou du cul, la porte suprême ; suprême car la plus mystérieuse, la plus secrète. »