MASSAGES HOT: ALCHIMIE DU SEXE ET DE L'AMOUR
La pratique est destinée à retarder l’activité sexuelle et favoriser la croissance. Particulièrement répandue dans les villes au Cameroun, où elle est censée retarder l’activité sexuelle. La coutume est désastreuse tant au niveau physique que psychologique.
Lorsque la mère s'inquiète que sa fille attire les garçons , elle lui masse les seins avec une pierre chauffée dans le feu. Il va sans dire que la pratique est douloureuse d'autant qu'elle se fait matin et soir pendant trois mois . Ce « massage » des seins, également appelé le « repassage » se pratique aussi au Togo et en Guinée . Il vise le plus souvent à empêcher le développement de la poitrine chez les adolescentes pour retarder leurs premiers rapports sexuels.
24% des adolescentes ont les seins « repassés »
Deux anthropologues, le Dr Flavien Ndonko et Germaine Ngo’o, se sont penchés sur le phénomène. En décembre 2005, et dans les dix provinces du pays, 5 661 filles et femmes âgées entre 10 et 82 ans ont été interrogées par 28 enquêtrices. Résultat : 24% des adolescentes camerounaises ont vu leurs seins naissants écrasés. Une tâche surtout pratiquée par les femmes, avec en tête les mères. Toutefois, 7% des filles le font elles-mêmes, en cachette, car on les a complexé sur leur poitrine qui naissait alors que leurs camarades n’avaient encore rien. Dans de rares régions, on fait appel au père ou au frère pour que la méthode soit plus efficace. Mais la plupart du temps, les hommes ne connaissent pas cette coutume, qu’ils ont pour beaucoup découvert lors de la campagne de prévention.
Pour aplanir les seins, on utilise souvent les pilons ou les pierres à écraser, préalablement chauffés. Mais on note aussi l’usage de peaux de bananes plantain, de feuilles et de serviettes chaudes. Tous ces moyens seront tous appliqués directement sur la poitrine nue et douloureuse à cause de la croissance. D’autres tactiques consistent à utiliser des « serres-seins » ou du sel et du pétrole avec lesquels on masse les seins naissants. Parfois, il y a en plus tout un rituel. « Il y a une région où, après le massage, les filles doivent jeter les noyaux du fruit noir, que l’on mange ici, sur les garçons pour que leur poitrine reste plate. Une autre coutume consiste à embrasser le tronc d’un bananier et de tourner autour pour que la poitrine reste lisse comme le tronc »
Scarification et fourmis pour gonfler les seins
La pratique existe dans tout le Cameroun, mais à des degrés divers. Dans les zones méridionales, le « repassage » se fait à hauteur de 30% à 50%. « Le mariage n’y est pas une priorité », poursuit le spécialiste. Qui ajoute : « Dans les parties septentrionales, le ‘repassage’ se fait entre 7% et 9% car on encourage le mariage précoce des adolescents et pour cela il faut que le développement physique soit visible. Alors on favorise le développement des seins. Pour cela, on utilise notamment la scarification. 6% des filles ou femmes ont subi une scarification pour faire partir ou grossir la poitrine. Pour la faire grossir, on coupe la peau avec une lame et on y met un produit spécial ou alors on met sur les seins des fourmis qui vont les piquer et dont le venin doit les faire grossir. Mais certaines femmes ‘repassent’ les seins de leur fille pour que leur père ne voient pas qu’elles grandissent et les marient ».
Selon l’anthropologue, le « repassage des seins » se pratique dans toutes les couches sociales et, à sa surprise, l’incidence est plus importante en zone urbaine que rurale. « Les gens qui émigrent en zone urbaine perdent le contrôle sur la sexualité de leurs enfants. Et comme le sexe est tabou et que les seins sont un signe de puberté, les parents préfèrent gommer ce qui rappelle la sexualité plutôt que de parler de sexualité : pour eux, en parler va donner envie d’avoir des relations sexuelles.